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13. Hélène de Pierreuse.

ICI WALLONIE

 

 

 

HELENE DE PIERREUSE

 

Avez-vous lu dans son recueil de « Nouvelles » , « Entre les Coteaux bleus », l'aventure d'« Hélène de Pierreuse» par ce Liégeois de pure race Edmond Glese­ner, auteur du « Coeur de François Remy », de «Monsieur Honoré», du «Citoyen Colette», de «Au Beau Plafond», etc... où l'on se trouve en pleine vie pittoresque de la Cité ardente

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« Hélène de Pierreuse », c'est l'histoire d'une rivalité entre Djud'là et Pierreuse. Les personnages y sont adroi­tement campés. C'est le monde des lutteurs (car la lutte fut à Liège extrêmement populaire) qui renaît devant vous. De Pierreuse, Glesener nous dit « Sa pente est si rapide qu'aucune voiture n'ose se risquer entre sa double rangée de bicoques déhanchées, que leurs seuils de plusieurs marches paraissent soutenir d'un côté à la façon d'une béquille.

Pavés de carreaux rouges et bleus, les vestibules s'ouvrent sur des cours minuscules où une pompe rouillée, des fleurs en pots pavoisent les murailles rongées par le temps et la pluie. »

 

Et voici la Batte du dimanche matin : «Les chalands qui y sont amarrés avec leur charge de bois sentant encore la résine, leur pont lavé à grande eau et le chien couché devant la trappe d'où le batelier émerge à mi­corps dans sa vareuse bleue. Il se laisse étourdir par les boniments des marchands de colle forte, de pilules pecto­rales et de vieilles ferrailles, par les abois des chiens et le ramage des oiseaux emprisonnés dans de petites cages qui encombrent le trottoir, encadrent les portes et tapis­sent les murs de boutiques jusqu'au plafond, par les orchestrions et le refrain des «cafés concerts» au fond desquels on voit des chanteuses se trémousser devant des groupes de dos attentifs. »

 

Et voici les funérailles de Matit l'Ohc le jeudi de la fête paroissiale «Un groupe de musiciens ouvrait la marche en exécutant des airs funèbres. Puis, s'avançait une civière portée par quatre citoyens. Elle était recou­verte d'un drap noir au milieu duquel l'os d'un jambon reposait dans un plat auprès d'une bouteille vide. On s'arrêtait devant chaque débit afin d'y procéder aux liba­tions traditionnelles. Cette fois, on n'en passa pas un !

C'est pourquoi les musiciens manquèrent peu à peu de justesse et de mesure. Leur marche, d'abord hésitante, s'égara bientôt en festons pesants ; on en vit chanceler sous le poids de leurs instruments et d'autres s'écarter des rangs comme si le trottoir les eût attirés avec une force irrésistible.

Les grimaces des pleureurs s'accompa­gnèrent de contorsions, leurs plaintes devinrent de lugu­bres braiments et la sueur en coulant sur le visage des «nègres» les décolorait par degré.»

 

La description d'une bagarre en Roture entre le champion Randaxhe et son élève Matagne (qui a enlevé au premier sa maîtresse Hélène) est épique. La bataille prend les proportions d'une mêlée générale «Francs. tigneux de Pierreuse, à la vie à la mort!», hurle Ran­daxhe. Une autre voix lui répond « A nous la rue Beau­regard, Beauregard en avant ! » Randaxhe se fait des­cendre d'un coup de pied entre les yeux par Matagne.

Les deux lutteurs se rencontreront dans un championnat d'Europe au Cirque des Variétés et en finale, Randaxhe sera encore une fois vaincu. Il demandera sa revanche « en privé » et toujours s'inclinera.

 

Que les types et les décors outremeusiens et pierreu­siens sont bien décrits ! Une soirée entière nous a acca­parés par « Hélène de Pierreuse ». Mais le livre devient rare. Il est, parait-il, épuisé.

Edmond Glesener était né à Liège en 1874, rue Saint­Séverin. Il mourut à Bruxelles en 1951. Il avait occupé le poste de directeur général des Beaux-Arts.  Il repose à Robermont.

 

Georges REM.

 



02/04/2010
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