31. Mars
ICI WALLONIE
MARS
Si l'hiver na pas lancé ses suprêmes et rigoureuses offensives au moment où paraîtront ces ligues, les feux de mars dessineront lentement leurs volutes bleuâtres dans nos campagnes, sur nos coteaux citadins, comme à travers les bois des vallées ardennaises. Sans doute brûIera-t-on les branches mortes, les herbes sèches et les feuilles rousses par nécessité bien évidente.
Mais l'usage s'est mué en une sorte d`hommage aux dieux jardiniers et à la renaissance de la terre.
Le "fouwa", comme on l'appelle en tant de nos régions, a quelque chose d'infiniment poétique.
Nous regarderons alors monter la fumée havane d'un bûcher dans le crépuscule du val d'Ambléve, à croire que tous les personnages fantomatiques des récits de veillée surgissent et s'évanouissent dans la pâleur du ciel.
Alentour ce sera la fine splendeur du tout premier printemps (s'il est là), une sorte d'irréalité fondue dans le fusain des taillis.
L'eau gonflée cascadera sur les roches dans un joyeux fracas.
Une cloche tintera, appellera le soir et des bûcherons surgiront de la forêt passant au gué de la rivière avec le long attelage d'un tronc d'arbre qui fait penser à une pièce d'artillerie.
Le cri d'un oiseau se perdra dans une drève et tout s'endormira dans le silence ouaté des monts où, seule, la flamme d'un feu de pâtre luira encore éclatante et fugitive.
Tout Mars tient dans ce tableau virgilien. Mars qui garde une petite allure carnavalesque, puisque c'est sens sen égide que l'on fait flamber Ia dernière uhaguetten, ce mannequin symbolique des farandoles du carnaval.
Enumérons quelques dictons de Mars : « On n'est pas retiré d'une nuée qu'il arrive encore une giboulée. - Soleil en mars, gelée en mai. - Taille t0t, Utile tard, rien ne vaut taille de mars.
Georges REM.