35. Sur les bancs
ICI WALLONIE
SUR LES BANCS
Les flâneurs et les amoureux aiment des bancs publics. Les amoureux surtout, ce n'est pas nouveau. La chanson « Li P'tit Ban » demeure méme pour tant de Liégeois une de leurs préférées.
Et nous apprécions une image de François Coppée, ce poète des humbles, qui reste suggestive à souhait « Et sur le banc perdu d'un jardin solitaire. Je vis une servante avec un militaire ». Image très dépassée, il est vrai, car les servantes se font rares et les nourrices -encore plus!
Ces nourrices au corsage opulent et au bonnet de soie à rubans, qui ont inspiré tant de peintres et d'écrivains ne nourrissent plus les générations nouvelles.
Quant aux militaires, la servante n'est plus leur genre.
Nous connûmes avant 1914, les piottes, les lanciers, les artilleurs à la « Cuzin Bèbèrt » courtisant une cuisinière à travers les barreaux des cuisines-caves de l'avenue Rogier ou du boulevard d'Avroy.
Mais c'était pour obtenir autant un bon petit plat qu'un baiser tendre!
Ce décor et ces personnages ont disparu. Quant aux bancs publics, plusieurs d'entre eux ont été restaurés.
Aux beaux jours, ils sont pris d'assaut par les retraités et les dames essoufflées.
Ces dernières rêvant à leur jeunesse en caressant un bouquet printanier.
Plaidons donc en faveur des bancs publics et de surcroît en faveur des jardins citadins dont l'espace se rétrécit hélas ( ! ) comme la peau de chagrin.
A ce sujet, que Liège a bien changé dans son décor sylvestre (!) où les arbres n'ont guère été épargnés alors qu'on n'a jamais tant parlé d'environnement et d'anti-pollution.
Georges REM