40. La Chaussure
ICI WALLONIE
LA CHAUSSURE
Il a fallu des siècles de souffrance pour donner une forme rationnelle aux souliers qui s'appelèrent primitivement sandales et cothurnes.
La bottine finissant en angle aigu est née d'une infirmité du comte d'Anjou, Geoffroy Plantagenet dont le pied s'affligeait d'une excroissance redoutable. Ainsi se répandit le soulier dit « à la poulaine » dont la pointe se relevait et s'attachait au genou par une chainette. Cela fit tant fureur que les autorités, inquiètes, décidèrentt que les princes auraient seuls droit à soixante centimètres de pointe !
Les nobles et les riches à trente centimètres, les bourgeois à quinze.
D'où l'expression « Vivre sur un grand Pied ».
C'est sous Louis XII qu'apparaitront les chaussures de velours à bouts arrondis et crénés.
Plus tard naîtront les souliers de cuir à semelle de bois. Viendront ensuite ceux à bouffettes joliment ornés de perles et de rubans.
Sous Louis XIII triompheront les bottes molles garnies de dentelles et piquées au talon par des éperons.
Sous Louis XIV, les souliers carrés du bout, les talons rouges, brilleront d'autant plus qu'ils serontt complétés, selon les moyens du porteur. par un diamant ou un bouton de métal.
D'où la constatation en vogue « Il est très talon rouge ».
La Révolution française imposera les bottes à retroussis et les escarpins.
Le Premier Empire répandra les bottes à glands pour le sexe fort : tandis que les femmes se chausseront de souliers en maroquin ou en peau de chèvre,
La véritable libération du pied nous viendra d'Amérique au XIX° siècle par la bottine large et souple, mais les dames y conserveront des pointes et talons parfois... redoutables.
Souvent quand on inspecte quelqu'un on regarde ses chaussures.
C'est un signe indiscutable.
Un jour, un bohème présentant à un cireur public sa botte laissant dépasser le gros orteil, ledit cireur demanda ironiquement : «Pardon, Monsieur, faut-il cirer l’ongle ? ».
Georges REM.