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51. Bonjour Monsieur Anto-Carte

ICI WALLONIE

 

 Tchantches

  

BONJOUR MONSIEUR ANTO-CARTE

 

Vif succès à Mons pour l'Exposition d'un grand peintre du grand Wallon Anto-Carte (1886-1954). Cette rétrospective comprend des tableaux groupés par sujets «La Maternité», «Le Mineur mort», «Les Hommes de la Mer», les compositions mystiques ou populaires. Paul Casa a écrit dans «Le Soir » du 30 novembre « On parle des influences subies par Anto-Carte, de sa personnalité caustique qui contrastait avec le tragique et la sévérité de son œuvre quoi de plus naturel que son accueil à l'esprit de l'époque et cette espièglerie qui était une réaction très humaine de la pudeur?

 

Nous avons souvent retrouvé Anto-Carte dans les ateliers de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles ; il nous parlait de son art avec une discrétion extrême, sou­lignant toutefois son effort d'approfondissement, sa volonté de survivre par un noble exemple de bon «artisan», de témoigner, enfin, pour la condition humaine.

 

Voilà bien ce qui frappe une fois encore à Mons la qualité de l'émoi, le cri intérieur d'un créateur qui appelle les consciences bouleversées le visage de la femme du mineur, le village tragique, le cheval à la tâche, les aveugles, l'ange de l'Annonciation appartiennent encore au futur comme la maternité consolante et la jeunesse éblouie sont intactes dans notre miroir. C'est bien pour protéger cette pureté douloureuse et cette innocence que se sont levés les jeunes en colère du groupe Maka.

 Le bceuf écorché de Soutine, ils nous le jettent au milieu des salles, avec les crânes des charniers, les accumulations de l'époque, les cadeaux empoisonnés de notre civilisation des tueries obscures et des loisirs.

Cela ne fait pas plaisir à tout le monde, en plein intellectualisme, au cœur des mondanités et des savants dosages. Il y aurait beaucoup à dire sur ce « grand coup de poing» qui a au moins le mérite de réveiller la peinture wallonne !

 

A propos de la personnalité caustique, l'espièglerie d'Anto-Carte ouvrons ce délicieux roman montois «Le Commandant Gardedieu » de Georges Garnir où il évoque le « Blagorama », magasin où, en grande assemblée on accumule les « couyonades ».

Garnir y met en scène Anto-­Carte qui raconte une histoire comme on n'en conte que dans le Midi ou à Mons «Nous avons à la maison une servante hydropique. Tous les huit jours on l'installa sur la pelouse de notre jardin en état de supination - «En état de quoi ? » - fait toute la bande ! - « De supination » dit Anto-Carte sans se troubler !

Si vous aviez comme moi un ami médecin vous sauriez ce que ça veut dire : couchée sur le dos ! - Ah bon. ! -« Quand elle est comme je dis je lui pique le ventre avec une épingle à chapeau et il lui sort un petit jet d'eau qui arrose le gazon... Si vous criez tous ensemble vous ne saurez pas la fin :!!... Les premières fois, je me contentais de regarder le jet d'eau faire frrrrt... ; maintenant je jette dedans une boule en verre comme au tir mécanique et je tire la boule à la carabine Flobert ». –

 

Tout le monde se mit à crier « Couye Couye ! » - «J'exagère !», confessa-t-il. Et il déclara la main sur le azur « Je vise la boule mais je la rate souvent. ».

Sacré Anto-Carte !

 

Georges REM. 



18/03/2013
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