7. Fresque de décembre
ICI WALLONIE
FRESQUE DE DECEMBRE
Décembre, numéro dix de l'année latine qui débutait en mars !
Décembre ! Le rideau va tomber sur une série de fêtes des yeux et du ventre. Dans son délicieux livre « La Chasse aux Canards », notre vieux copain Fernand Demany écrit « Quand nous étions enfants, les oranges ne nous arrivaient que vers la Saint-Nicolas avec le « spéculaus » (spéculation). Elles étaient la grande attraction de décembre» (pour notre part ajoutons le massepain, le chocolat, les couques et multitude de friandises).
Et Demany (1) de poursuivre : " Comme autrefois, dès décembre, les villes se pénètrent de l'odeur profonde des sapins. Les arbres de Noël triomphent partout. Pendant les grands conflits sociaux de décembre 1960, j'ai pu voir des grévistes écouter leurs leaders syndicaux et parmi eux André Renard, ce prophète si tôt foudroyé, les haranguer dans l'ombre d'un sapin de Noël planté sur la grand-place de Mons! Le vieil arbre féerique semé de cheveux d'ange protégeait, tutélaire, les foules ouvrières. C'était un specracle singulier !"
Les enfants que nous étions chérissaient d'un amour égal saint Nicolas et Père Noël. N'étant pas riches, il nous arrivait souvent de déplorer leur ladrerie. La hotte des deux barbus ne débordait jamais lorsqu'elle se déversait dans notre cheminée. Le matin du 6 décembre, quand. en chemise de nuit, nous nous précipitions vers nos maigres cadeaux, maman nous disait d'une voix triste t< A Noël, ce sera mieux chez l'oncle' Bertrand ».
N'est-ce pas que c'est charmant et mélancolique ?
Demany possède l'art incomparable de faire surgir des images tendres et cruelles ! C'est un Liégeois de coeur et d'äme !
On croyait autrefois que les douze nuits séparant Noël de la fête des Rois étaient enchantés. La douzième, parait-il, constituait la nuit de la Sainte-Lumière. Aussi sautions-nous du lit à minuit pour l'apercevoir. Hélas, ce n'était que celle de la veilleuse !
Mais Noël c'est la renaissance du soleil, la fête du feu symbolisée par la chandelle qui deviendra sacrée et avec la bûche allumée au lampadaire de l'église !
Repaisons-nous des coutumes poétiques et surtout de leurs frairies, illustrées par un conte d'Alphonse Daudet : « Les Trois Messes basses ». Et n'oublions pas, le 13, la Sainte-Lucille, ou l'on verra diminuer de quelques minutes la longueur des nuits (à la Sainte-Luce, un saut de puce !). Et la SaintThomas (le 21), patron des incrédules. Nous allions omettre aussi la Saint-Eloi et la Sainte-Barbe (qui n'est pas la patronne des barbiers). Tous deux ouvrent pantagruéliquement le dernier des mois tandis que la Saint-Eloï se rend au surplus populaire par la chanson légère des «Trois Orfèvres » !
Georges REM.
(1) Le rédac a bien connu fernand Demany - 26.06.1904-19.06.1977 - militant communiste liégeois courageux. Orateur à cent lieues des quadras bobos des partis d'aujourd'hui. Un lutteur ouvrier exclu en 1950 par l'aile stalinienne du PCB.
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