8. Lectures d'hiver
ICI WALLONIE
LECTURES D’HIVER
Peut-on vous conseiller pour vos soirées d'hiver la lecture des oeuvres d`Erckmann et Chatrian ? (1)
« Madame Thérèse », « L'Ami Fritz », « Le Conscrit de 1813», «Waterloo », « Le Fou Yegof », « Les Confidences d'un Joueur de clarinette» , «L'Invasion», «L'Histoire d'un Paysan », « Les Vieux de la Vieille », « L'Illustre Docteur Mabhéus » et d'autres ceuvres qu'un bibliothécaire averti peut vous recommander.
On n'y cherche pas midi à quatorze heures et la guerre elle-même est ramenée à sa lamentable réalité comme dans « Waterloo » où résonne une voix au milieu de l'immense clameur où coule une larme dans une tempête de sanglots, une goutte de ces torrents de sang emportant la vie d'une génération.
Erckman (1822-1899) était originaire de Phalsbourg. Chatrian (1826-1890) d'un hameau voisin. Ils quittèrent le pays natal après leurs années de collège, Chatrian pour travailler aux Cristalleries du Val-SaintLambert, l'autre pour faire son droit à Paris où ils se retrouvèrent et devinrent des collaborateurs intimes.
Ce qui leur a manqué, c'est d'être reconnus par la grande critique. De nos jours, on demeure effaré du sort fait à tant de gribouilleurs réputés géniaux alors qu'Erckmann et Chatrian, coupables de n'avoir rien innové dans la syntaxe et dans la technique, sont souvent dédaignés.
Ils n'avaient que de l'âme, du cceur et le, respect de la langue française.
C'est, parait-il, insuffisant !
On s'est souvent demandé comment ils purent allier et confondre leurs talents.
Ils se sont expliqués à ce sujet dès 1864 : «La distribution du travail ne souffre pas de difficultés. La communauté des sentiments, les mêmes habitudes, les mêmes travaux pendant quinze ans ont établi chez nous une façon de penser et de dire tellement identique que nous serions embarrassés nous-mêmes d'indiquer dans nos ouvrages les parties qui appartiennent plus spécialement a l'un qu'à l'autre. Tantôt c'est l'un qui écrit et l'autre qui dirige, tantôt les rôles changent et le résultat est toujours le même.
La collaboration de ces deux artistes fut rompue en 1889 mais elle s'était exprimée durant quarante années.
Pour nous, Erckman et Chatrian c'est une fenêtre encadrée de pompes de vignes donnant sur les Vosges, la plaine d'Alsace ou les glacis de Phalsbourg. C'est une tendresse de fille blonde, un fumet de dîner, un cri de soda pleurant sa terre natale.
C'est la neige sur les sapins puis le soleil du printemps.
Georges REM.
(1) Clic sur http://www.erckmann-chatrian.eu/